Lettre du pasteur novembre 2023

Ne vous inquiétez pas ! Hakuna matata !

Sorti en 1994, le long métrage d’animation, « Le roi lion », occupe une place à part dans l’histoire du cinéma. La génération d’adultes nés après 1980, baptisée Génération Y, qui a grandi avec le film Disney, a même été rebaptisée par le magazine américain Forbes « Génération Roi lion ». Le succès du film est tel, que près de 30 ans après, la comédie musicale se joue encore au théâtre Mogador. Nous connaissons tous ou presque, le célèbre leitmotiv des deux compères insouciants Timon et Pumbaa : « Hakuna matata ! » C’est du swahili (Afrique de l’Est) et cela veut dire : « Pas de souci ! » Ils font enseigner leur vision de la vie à Simba, le jeune lion qui cherche à fuir ses responsabilités et ses ennuis. Il va lui aussi faire sien ce credo, jusqu’au jour où son passé et ses problèmes le rattrapent. Alors que ce soit le « Hakuna matata » de Timon et de Pumbaa, ou le « Ne vous inquiétez pas » de Jésus (Mat. 6. 31), n’est-ce pas un peu rêveur et idéaliste ?

Que sait Jésus des contraintes de nos vies ? Est-ce qu’il sait ce que c’est que d’aller tous les matins au travail avec la boule au ventre ? Il n’en sait rien : il n’a jamais travaillé pour personne ! Est-ce qu’il sait ce que c’est que d’avoir un mari gougnafier ou une femme enquiquineuse à temps complet ? Il n’en sait rien : il n’a pas été marié ! Est-ce qu’il sait ce que c’est que d’aspirer à trouver chaussure à son pied, mais sans y parvenir ? Il n’en sait rien : cela ne l’a jamais intéressé. Que sait Jésus des soucis que peuvent se faire des parents pour leurs enfants ? Que sait-il des questions que nous nous posons pour notre retraite ? A-t-il seulement jamais été malade ? Aussi, quand Jésus nous exhorte à ne pas nous inquiéter, n’est-il pas en train d’ignorer volontairement ou par inconscience, la charge mentale que vivent les femmes ou l’anxiété des hommes quant à l’avenir, la crainte toujours de perdre leur travail et de ne plus être un pilier stable pour leur famille ? Quand on a des vies comme les nôtres, on se fait forcément du souci et on s’inquiète, parce que nous sommes des gens responsables et sérieux. Pourtant cette parole de Jésus, on a envie de la prendre au sérieux, précisément parce que c’est la parole du Seigneur.

Voyons quels arguments et raisons sont avancés par Jésus pour nous inviter à opposer la foi à l’inquiétude ?

Tout d’abord, il y a une première raison, qui n’est pas spirituelle, et qui s’impose spontanément : « Qui d’entre vous peut par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? » (Mat. 6. 27) Voilà une parole limpide et déconcertante : Ne vous inquiétez pas, parce que cela ne sert à rien. Si les inquiétudes servaient à quelque chose, si cela aidait à résoudre les problèmes, la question de l’inquiétude se serait posée différemment. Mais ce n’est pas le cas. Alors puisque cela ne sert à rien, Jésus nous demande de ne pas nous inquiéter. Il y a encore une autre raison, spirituelle celle-ci : « Votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin. » (Mat. 6. 32) Il y a deux choses importantes dans cette phrase : d’une part, « votre Père », qui se rapporte directement à notre statut devant Dieu et qui définit la relation que nous avons avec lui. Nous sommes ses enfants, il est notre Père, d’autre part, c’est un Père qui sait… Et quand nous nous demandions, ce que Jésus savait des soucis de la ménagère ou du père de famille. La vraie réponse est qu’il sait tout. Les problèmes de la vie matérielle ne lui échappent pas. Il sait que c’est important pour nous. Et c’est aussi important pour lui, car il est l’auteur de la vie matérielle et du corps. Notre Père céleste sait ce qu’il nous faut. Il sait même quand le besoin n’est pas explicitement exprimé. Il sait même quand le besoin est exprimé dans un soupir. « Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. ». Voilà tout ce qu’il nous faut. Aussi ne laissons pas notre spiritualité vaciller dans le doute et l’inquiétude. Au contraire, enracinons-nous dans notre statut d’enfants de Dieu. Nous pourrons alors déposer et dépasser nos peurs et nos inquiétudes. Vivons à la hauteur de notre privilège d’enfants de Dieu et nous connaîtrons une joie merveilleuse et glorieuse.

Chaque instant de chaque jour qui passe
En Jésus je puis me confier
Cet ami que jamais rien ne lasse
Me soutient, sait me vivifier
Aide-moi à n’avoir confiance
Qu’en toi seul mon Maître, mon Seigneur
Tu connais toutes mes défaillances
Mon salut est seul en ta faveur
Et son cœur si patient, si tendre
Sait pourvoir aux besoins de ma foi
À lui seul j’ai appris à m’attendre
Et je sais qu’il s’occupe de moi

Avec mes meilleures pensées fraternelles,

Raymond Ruffe

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