Lettre du pasteur mars 2025

… ma vie !

L’une des plus belles confessions de foi de la Bible a été écrite sous la plume de Paul : « Car pour moi, Christ est ma vie… » (Phil. 1. 21)

Christ ma vie ! J’ai lu la même phrase, mais Christ avait été remplacé par autre chose. Et savez-vous par quoi ? Par un smartphone ! « Mon smartphone ma vie ! » C’est Samsung qui l’a dit dans une de ses anciennes campagnes publicitaires. Le smartphone est devenu un objet transitionnel dont nous nous ne pouvons plus nous passer. C’est une prothèse cognitive à laquelle nous confions nos photos intimes ou anodines, nos contacts favoris ou éphémères, notre réseau social, notre musique, nos courriels, nos applications indispensables ou superflues. Il nous sert à consulter notre compte en banque, à payer nos achats, à faire notre déclaration de revenus… bref, nous lui confions la gestion de notre vie, d’où le slogan : « Mon smartphone, ma vie ! »

Voilà ce qu’une internaute écrit : Mon Iphone dort à côté de moi, il est comme un prolongement de mon bras, une extension de celui-ci. À 5h45, il sonne pour me réveiller grâce à l’alarme programmée la veille au soir (dernier contact avec lui ou presque avant de rejoindre Morphée). Je consulte ma boîte mail, la petite étoile tourne et tourne jusqu’au fameux scintillement (vous avez un nouveau message ! euh, non, plein de nouveaux messages). Voilà que je n’ai pas encore quitté mon lit que je parcours déjà ce qui s’est passé pendant mes 7 heures de sommeil, comme si j’avais immanquablement manqué quelque chose. Quelques articles des groupes LinkedIn desquels je suis membre, les newsletters de e-boutic, fashionfriends, mystore, myprivateboutique, deindeal, et j’en passe… Ouf, rien d’urgent. 6h20, je me lève, je prends mes affaires pour la journée d’une main et de l’autre mon extension geekique, pour me diriger vers la salle de bain. Histoire de me mettre de bonne humeur pendant ma toilette matinale (…and all that I can see, tu-tut, and all that I can see, tu-tut, is just a yellow lemon tree… ) Fin de chanson, fin de toilette. Direction la cuisine. Et là, pour la première fois depuis que je me suis réveillée, j’abandonne sur une chaise mon Iphone pendant que je prépare mon petit déjeuner. Thé vert et tartine au miel sur mon assiette, je m’attable et je rapproche de moi l’Ipad de la maison. Déverrouillage (– schlack !). Ouverture de l’application 24h (en HD s’il vous plaît). Et je parcours l’actualité. Quand j’en trouve une intéressante, je la partage sur Twitter ou sur Facebook à l’aide des boutons de partage de l’application. Houlala, 6h45, j’ai oublié de réveiller Lucas, je ne suis pas maquillée. 7h10, j’embarque Lucas, mon sac à main, mon ordinateur, et… mon extension de bras au bout de mes doigts. Je reviens en arrière, zut, les clés. Go, go, go ! En voiture, contact : La voiture reconnaît mon Iphone (grâce au Bluetooth)… j’enclenche mon programme radio matinal : infos, reportages et météo. Au feu, rouge consultation de mes mails, comme si en une heure entre 6h20 et 7h20 du matin les gens bossaient et que je pouvais être submergée de courriers. Je continue ma route et me gare. Je sors de la voiture et je monte au bureau avec mon ordi sous le bras, mon Iphone à sa place et mon sac sur l’épaule. Je pose tout mon matériel sur le premier bureau, je dépose mon Iphone. Zut, mon chargeur, est-ce qu’il est dans mon sac… ouf… sauvée (il ne me reste que 20 % de batterie). Je démarre mon portable, ouvre ma boîte mail, mon Tweetdeck (un outil me permettant d’envoyer des contenus en même temps sur Twitter, Facebook et LinkedIn, etc…), mon blog, mon lecteur de flux RSS. Voilà que je suis fin prête pour commencer ma journée !

Ne nous méprenons pas, entre « Mon smartphone, ma vie » et « Christ ma vie », il n’y a qu’un pas. J’entends par-là, qu’il faut veiller à ne pas établir avec le Christ, le même type de relation qu’avec son smartphone. Il faut que cela soit clair pour tout le monde : Jésus n’est pas un smartphone, avec des applications indispensables et d’autres superflues, que je supprime, puis que je télécharge à nouveau… Ce Jésus-ci, c’est un Jésus prestataire de services, un Jésus trousseau de clés, un Jésus boîte à outils ou couteau suisse, un Jésus qui me tire des faux pas que j’ai parfois volontairement engagés, un Jésus qui existe selon mes besoins. Eh bien ce Jésus-là, qui n’est que le fruit de mes caprices et de mes désirs n’existe effectivement pas. Et il doit définitivement mourir dans l’imaginaire des hommes. Certes, Jésus ne s’impose pas à nous, il ne viole pas les consciences ni les cœurs. Le Christ ne force pas les portes. Il frappe et attend que nous lui ouvrions. Mais dès lors que nous lui ouvrons la porte, il ne se donne pas à nous comme une chose séparée, comme les applications d’un smartphone, que nous choisissons ou non de télécharger et supprimons à notre guise. Lorsque nous faisons le choix de dire Christ est ma vie, nous devons savoir ce que cela implique réellement, à savoir, qu’il n’est pas que Sauveur, mais qu’il est aussi Seigneur. Confesser, « Christ ma vie », c’est comprendre que le temps de notre vie nous est donné, non pas pour nous faire une meilleure place dans le monde, mais pour chercher et pour trouver Dieu, pour entrer en dialogue avec lui et pour vivre en plénitude de vie avec lui. C’est une logique de vie qui, parfois ira à l’encontre de nos penchants naturels, mais en réalité, c’est un cadeau inestimable. C’est une vie riche de sens, c’est avoir nos vies aux dimensions de Dieu. C’est vivre une vie qui puise tout son caractère, sa manière d’être de la source d’où elle découle. Et sa source, c’est le Christ !

Avec mes meilleures pensées fraternelles

Raymond Ruffe

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