Lettre du pasteur mars 2024

Qui nous roulera la pierre ?

C’est la question que se posaient les femmes qui se rendaient au tombeau de Jésus pour lui rendre un dernier hommage, embaumer son corps, masquer les blessures et les plaies, et sans doute masquer aussi leurs propres douleurs.

Qui n’a pas une pierre à rouler ?

La pierre de la maladie, la pierre de la dépression, la pierre de mes échecs, la pierre de mes failles et celle de mes découragements, la pierre de mes culpabilités, de mes blessures intérieures…

Tant qu’il y aura encore des pierres à rouler, il faudra faire entendre le message de Pâques.

Lorsque je conseille à ma femme un film que j’ai apprécié, elle demande souvent s’il y a une bonne fin. Parce qu’elle aime bien quand l’histoire se termine bien. Mais la résurrection de Jésus n’est pas juste une belle histoire, une sorte de “happy end” de l’Évangile. Ce qu’il y a d’extraordinaire dans la résurrection de Jésus, c’est que sa résurrection ne concerne pas que lui. Dans toute l’histoire de l’humanité, l’espérance d’une vie par-delà la mort a été une constante ; comme s’il restait au fond de l’homme, une trace ou un souvenir lointain que l’éternité lui est plus naturelle que la mort. Eh bien, cette idée de la résurrection, de la vie éternelle, le Christ la prend et la réalise en lui-même et nous y associe. Lorsque nous plaçons notre confiance en lui, il nous entraîne avec lui dans sa résurrection. Notre vie est entraînée par le Christ au sein de la vie divine. La grande annonce de Pâques, c’est celle de la victoire d’un Dieu qui ressuscite en moi, tout ce qui est mort, tout ce qui est blessé, amer et tordu… Et je peux accueillir cette réalité aujourd’hui.

Combien de personnes bien vivantes se sentent mortes à l’intérieur ? Combien disent, «Je vis l’enfer»?

L’annonce de la résurrection de Jésus est une espérance posée sur toutes les morts et tous les enfers de notre vie. Dans sa résurrection le Christ visite notre histoire pour guérir notre passé.

Mes amis, si nous posons un regard lucide sur notre monde, les menaces sont sérieuses et il y a de quoi être pessimistes. Humainement je le suis. Mais le message de Pâques change mon regard. Attention, le message de Pâques n’est pas un opium pour supporter la douloureuse réalité. Chaque fois que nous célébrons la résurrection, nous le faisons aux côtés de femmes, d’hommes et d’enfants qui sont marqués dans leur histoire lointaine ou récente par le deuil, la souffrance, les épreuves, et qui se disent «Qui me roulera cette pierre?». Le message de la résurrection est une invitation à protester, à préférer la vie envers et contre tout. Le message de la résurrection est une proclamation de vie plantée au milieu du champ de désespérance de notre monde. Placer sa confiance dans le Christ ressuscité, c’est choisir la vie, c’est un acte résurrectionnel, et même insurrectionnel contre la fatalité.

Quand les femmes étaient en chemin, elles se demandaient donc : «Qui nous roulera la pierre ?»Mais à leur arrivée au tombeau, elles ont constaté que la pierre avait été roulée. Elles ne s’attendaient pas à cela ! Ce qu’elles ont vécu était de l’ordre de l’irruption, de l’imprévu, de l’inattendu complet.

Ma prière est que cet imprévu, cet inattendu, fasse irruption aujourd’hui dans la vie que quiconque se demande « Qui me roulera cette saleté de pierre ? »

Avec mes meilleures pensées fraternelles,

Raymond Ruffe

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