Lettre du pasteur juin 2024

Avez-vous déjà vu ou rencontré un fantôme ?

La question peut vous paraître surprenante, surtout venant d’un pasteur, mais au pays de Descartes, l’irrationnel est toujours très présent et le marché du paranormal se porte bien. Les histoires fantasmagoriques devenues mythes et légendes se racontent sous toutes les latitudes, dans toutes les contrées de notre planète. Lorsque nous étions enfants, certains soirs, nous nous retrouvions assis autour d’un adulte qui nous relatait ses rencontres avec le paranormal. Après ces récits à faire frémir les oreilles, il nous était difficile de trouver le sommeil, car nous plongions alors dans l’imaginaire : le bruit de la chaîne du chien dans la cour c’était la « bête de madame Ibert » qui rôdait. Le vent qui soufflait dans les branches des arbres, c’était un « volant » qui venait de se poser…

Les Évangiles nous racontent un épisode de la vie de Jésus avec ses disciples qui n’a rien à envier ou presque aux histoires du surnaturel de notre enfance : Jésus vient d’annoncer la Parole à une foule nombreuse qu’il a également nourrie en accomplissant un miracle. Il oblige les disciples à monter dans la barque et à le devancer sur l’autre rive, tandis que lui, en profite pour renvoyer la foule. Les disciples s’exécutent, montent dans la barque et laissent Jésus, sans même lui proposer de l’attendre ou lui demander par quel moyen il allait pouvoir les rejoindre. Entre temps la nuit est tombée. La barque des disciples est au milieu de la mer, ils ont du mal à ramer, car le vent souffle fort et leur frêle embarcation est battue par les vagues. C’est alors que Jésus décide d’aller vers eux, mais pas n’importe comment, en marchant sur l’eau. Seule une personne témoin de la scène peut rapporter les faits comme Matthieu le fait. Il décrit la scène, comme si Jésus marchait en restant immobile, il bougeait pour ainsi dire sans bouger. C’est une vraie scène de film fantastique. Imaginez, c’est le soir, le vent souffle fort, vous êtes dans une barque en pleine mer et vous voyez quelqu’un venir vers vous en marchant sur l’eau. C’est la panique ! D’ailleurs, les disciples poussent de grands cris et disent : «C’est un fantôme !» (Matthieu 14. 22-27)

Prendre Jésus pour un fantôme ! Quelle idée farfelue, n’est-ce pas ! Pourtant, nous ne sommes pas à l’abri de penser ainsi.

Parmi les nombreuses définitions que le dictionnaire donne du fantôme, il y a celle-ci : Ce qui a l’apparence de quelque chose, mais n’en a pas la consistance. Qui n’a qu’une existence apparente (un gouvernement fantôme, un cabinet fantôme).

Combien de fois, avons-nous pensé que nous étions seuls face à l’épreuve, que le Seigneur nous avait abandonnés ? Combien de fois n’avons-nous pas su le reconnaître ? Combien de fois l’avons-nous pris pour un fantôme ?

Soupçonner Dieu d’être un dieu fantôme, un dieu mirage, peut monter du cœur même des champions de la foi les plus intrépides :

«Ô Éternel, serais-tu pour moi comme une onde tarie, comme une eau dont on n’est pas sûr ?» (Jérémie 15. 18)

«Le Seigneur ne s’aperçoit pas de ce qui m’arrive. Mon bon droit échappe à mon Dieu » (Ésaïe 40. 27)

Pourtant nous devons savoir qu’aucune impossibilité matérielle ne peut former une barrière entre nous et notre Seigneur. L’adversité que nous souffrons ne peut être plus réelle que sa présence dans nos vies. En effet, celui qui privilégiait Marie et Marthe par ses visites, demeure en nous. Son Esprit est comme assigné à résidence en nous.

Quand nous sommes dans les difficultés, que la mer est agitée et que nous avons du mal à ramer, écoutons-le nous dire alors : «Rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur!» Lorsque nous sommes assaillis par des épreuves inévitables, fatigués de naviguer avec nos faibles moyens, accrochons-nous à ces paroles rassurantes du Seigneur. Aucun obstacle n’empêche son intervention dans notre vie. C’est lui qui est là, au mépris de tout ce qui peut nous effrayer, de n’importe quelle situation intenable pour nous, tout ce qui empêche de… Il est là avec la puissance de Dieu. Il n’est jamais aussi présent que lorsque le vent est contraire. Nous sentons-nous submergés ? Perdons-nous pieds ? Lui ne perd jamais pieds à notre sujet. Peu importe la hauteur des vagues. Quelle que soit l’obscurité qui est sur votre vie et vous enveloppe en ce moment. Il est présent même quand il nous semble ne pas l’être, un peu comme ce billet que mon plus jeune fils m’avait laissé un jour : « Parfois tu es là, parfois tu n’es pas là, mais même quand tu n’es pas là, tu es toujours là ! »

Tu es là au cœur de nos vies Et c’est toi qui nous fais vivre Tu es là au cœur de vies

Bien vivant, ô Jésus-Christ

Dans le secret de nos tendresses Tu es là

Dans les matins de nos promesses Tu es là

Dans nos cœurs tout remplis d’orages Tu es là

Dans tous les ciels de nos voyages Tu es là

En plein milieu de nos tempêtes Tu es là

Dans la musique de nos fêtes Tu es là

Avec mes meilleures pensées fraternelles,

Raymond Ruffe

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